La compagnie Mille et une saisons présente : Laurence Caradec
Spectacle tout public :
ici
Pour que notre avenir ait une mémoire
Création pour le 3èmefestival Contes d'une nuit d'été à Saint Julia
Récit d'après collectage de mémoires vives
Durée : 1h10
Spectacle tout public à partir de 8 ans
Production : Cie Mille et une saisons
Texte et interprétation : Laurence Caradec
Mise en mouvement et en lumière : Jean-Luc Datcharry
Tombé du ciel, un ange de la mémoire se pose au cœur d'un village. La mairie, l'église, le bistrot de la place, l'école, le chemin des vignes… C'est ici et c'est partout.
Frôlés d'une plume, Lise, Guiseppe, Marinette, Farine, Raymond, Aline… dévoilent des fragments de vie
Un ange de la mémoire pour témoigner...
Etrange est de constater qu'il a fallu plusieurs années pour que je me rende compte que le lien qui noue ces histoires les unes aux autres n'est autre que l'amour : amour déçu, amour de la gourmandise et de l'argent, amour perdu et retrouvé, amour de la terre, amour d'un pays, d'une grand-mère pour son petit fils…
Dans un premier temps c'est davantage l'aspect politique et engagé de la ruralité qui s'est imposé. Mais vivre et se battre, c'est avant tout aimer.
Qui de mieux qu'un ange de la mémoire tendre et lunaire, un brin iconoclaste pour nouer de ses ailes légères le fil des destins ? L'ange en datant les événements métamorphose l'intime en universel et l'universel en intime.
Laurence Caradec
Un spectacle où douceur, révolte et émotion ont su trouver leur place...
Extraits
Et c'est ainsi que Lise m'a dit :
« Pour mon mariage, on m'avait dit qu'il fallait que je porte : quelque chose de neuf, quelque chose de vieux, quelque chose de doux et quelque chose de bleu.
Pour le neuf : j'avais le voile. Pour le vieux : la robe c'était celle de ma sœur aînée, c'était temps de guerre. Enfin pas vraiment temps de guerre, juste avant la mobilisation. Pour tout vous dire notre mariage avait été prévu le 16 septembre, vu qu'il était mobilisé le 4 dans les tous premiers, on avait dû avancer… Pour le doux, j'avais tapissé mon corset de coton hydrophile, du coton blanc qu'on achetait alors chez le pharmacien, à l'époque j'étais guère épaisse, disons que ça me donnait un peu de conversation… Et pour le bleu, la veille, j'avais toujours rien trouvé.
Voyez comme c'est drôle la vie, il est passé pour dire un mot à mes parents, je me souviens plus quoi… et avant de filer, il m'a glissé un ruban dans la main un ruban bleu, un ruban bleu tout simple. Le ruban je l'ai cousu à l'intérieur de la robe, là juste à la taille, là où il posait ses mains quand on dansait… »
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Et c'est ainsi que Giuseppe m'a dit :
« Un soir d'hiver on mangeait la soupe, y avait eu des trucs politiques, je pourrais pas te dire quoi, j'étais minot à l'époque... Et d'un seul coup y'a un gros pavasse qu'a traversé la fenêtre, et le pavasse il a été atterrir là, au milieu de la table. Le père il s'est levé, la mère elle lui a parlé très vite en italien, nous les gosses on a rien compris. Et elle qu'était pourtant ni bien épaisse ni bien grande, elle l'a rassit aussi sec, alors le père, il a regardé le fond de son assiette, il a pris son verre comme ça dans sa main, et il a serré, serré jusqu'à ce qu'il éclate, le verre. Le lendemain, le père il a acheté du bois pour faire un volet, il l'a peint en bleu, la mère, elle disait que le bleu c'était la couleur du bonheur et que le volet, il nous protègerait du froid en hiver et du chaud, en été... Tu vois nous les gosses on a tous construit, ici, et ben on a tous des volets bleus… »
- Juillet 1949 : Fausto Copi remporte son premier Tour de France
- 8 février 1962 : une manifestation contre la guerre d'Algérie, au métro Charonne à Paris, fait 8 morts dont un adolescent de 15 ans
- Mars 2002 : les étrangers issus de l'Union Européenne résidant en France depuis plus de 5 ans obtiennent le droit de vote aux élections locales.
Entretien avec Laurence Caradec
Qu'est-ce qu'un conteur pour vous ?
Un conteur est avant tout un passeur de mythes fondateurs, de contes constituants le terreau d'une mémoire collective. C'est aussi un lecteur du présent qui rattache l'homme d'aujourd'hui à l'humain intemporel, une personne engagée aussi bien dans sa vie personnelle que dans la vie artistique, et qui défend des valeurs humaines contre vents et marées.
Un conteur c'est une personne qui s'est longuement penchée sur le répertoire, qui comme un musicien, connaît l'histoire de son art, le pratique avec obstination et régularité, et qui s'astreint à une déontologie.
Comme une plante a besoin d'eau et de soleil, un conteur a besoin d'histoires pour respirer et vivre.
Quel est votre répertoire ?
Le chemin qui mène à l'histoire que je ferai mienne, est un chemin buissonnier, fait de rencontres spontanées et de coups de cœur, mais plus souvent fait de lentes et parfois laborieuses recherches, et puis la plupart du temps, de longue maturation.
Plus concrètement, j'ai un goût particulier pour l'adaptation « très adaptée » de contes de sagesse, et puis une pratique grandissante de la création pure.
J'ai aussi une autre corde à mon arc de conteuse : le collectage, c'est une expérience forte et structurante, qui passe par l'écriture, un univers qui fait partie du mien depuis de longues années puisque c'est en passant par l'écriture que je suis devenue conteuse, la boucle est bouclée.